dimanche 30 mars 2014

Spotlight OFF : Willy




Script : 
[Ce texte est mis à libre disposition, j'autorise toute reproduction ou réutilisation, partielle ou totale, 
à raison d'un simple respect de la source.]

L'année 1983 a été marquée par différents événements historiques majeurs, comme la sortie du premier album de Stephan Eicher : les Chansons Bleues. Ou encore la victoire du Luxembourg à l'Eurovision avec la chanson "Si la vie est Cadeau". 1983, c'est aussi la naissance de diverses personnalités bien connues aujourd'hui, comme Utada Hikaru, Christophe Willem ou encore Simon Astier.
Il est aussi un petit homme haut de 16 pixels, au teint plutôt pale et arborant différents couvre-chefs qui verra le jour cette même année. Il s'appelle Willy.

Matthew Smith, alors âgé de 17 ans à cette date est un jeune programmeur sans grande expérience. C'est pourtant seul, et en 6 semaines seulement qu'il créera Manic Miner sur ZX Spectrum, qui sortira un peu plus tard sur bien d'autres support. Ce jeu de plate forme se voulant très addictif pour l’époque, remportera un grand succès.

Dans Manic Miner, vous incarnez donc Willy, un mineur sans histoire, bloqué dans des dédales sous terrains.
Le but du jeu est simplement de ramasser les clés du niveau pour passer au suivant, tout en évitant les téléphones mutants et les pingouins tueurs. Un jeu somme toute banal. Mais c'est dans la suite du jeu que le personnage prend de l'importance.
En effet, à la fin de Manic Miner, Willy découvre le bon filon. Il devient riche. Très riche. Tellement riche qu'il s’achète, une piscine, un yacht, et une très grande maison ainsi que plein d'amis irresponsables à mettre dedans.

C'est donc en 1984 que Willy revient, dans Jet Set Willy. Apres avoir organisé une fête gigantesque dans son immense manoir, Willy se sent mal, et c'est aux toilettes qu'on débute l'aventure, ce qu'il y fait est clair quand on à la jaquette du jeu à porter de main. Non, Willy n'est pas au meilleur de sa forme, il a la gueule de bois et ne rêve que d'une chose, aller se coucher. Seulement voilà, tout le monde est parti, et les invités ont laissé un sacré bordel partout dans la maison. Et sa femme, Maria ne le laissera dormir qu'une fois que tout sera bien rangé.
Et c'est là que vous entrez en scène. Vous devez aidez Willy à retrouver tous les objets éparpillés dans sa maison. Mais rappelez vous, Willy ne se sent pas très bien, et les relents d'alcool encore puissants dans son cerveau le font délirer. Couteaux suisses, lames de rasoir et autres prêtres lubriques vous empêchent de mener à bien votre mission. Ces détails feront d'ailleurs de Jet Set Willy un jeu particulièrement psychédélique. Ambiance soulignée notamment par certaines musiques classiques dans les différentes versions du jeu, comme l'utilisation de la sonate au clair de lune de Beethoven à l’écran titre.
Le jeu est dur, très dur. Il fait partie de ces jeux de l'époque comme Cauldron ou encore Green Beret qui étaient si compliqués que personne à l'époque ne vous croyait quand vous osiez affirmer les avoir fini.

Alors qu'est ce qui peut bien faire de Willy un personnage à part entière ?
Il est clair que dans son métier de mineur, Willy n'a rien d'un personnage original. Il est valeureux, téméraire et courageux, bref autant d'adjectifs qu'on pourrait utiliser pour la majorité des héros d'hier et d'aujourd'hui. Sa quête, sans être la plus noble, ne le fait pas rougir de honte, il cherche juste à s’échapper des dangers des profondeurs.
Mais dans Jet Set Willy, le personnage s’éloigne de cette vision héroïque, et paradoxalement, c'est en se rapprochant de l'homme ordinaire que Willy prend toute son importance.

La seul différence qui persiste alors entre lui et le joueur, c'est qu'il est très riche. Et c'est ce statut social qui va aussi participer à l’intérêt du personnage.
En effet, alors que Manic Miner faisait l’éloge de Willy, le mineur courageux, Matthew Smith se moque de son personnage dans ce second épisode.
Dirigé par sa femme ne le laissant pas aller se coucher, et ne sachant même pas choisir ses amis, qui de toute évidence ne devait pas être beaucoup plus sobre que lui pour avoir laisser un tel désordre,
c'est par les reflux gastriques éjectés dans la cuvette de ses toilettes qu'il s'abandonne à l'image d'un homme tout à fait banal et sans plus d'ambitions.
Cette image du bourgeois dépravé est d'autant plus souligné par l'utilisation ironique de la musique "If I Were a Rich Man" en background dans la version Spectrum. En français : "Ah si j’étais Riche", une chanson tirée de la célèbre comédie musicale, "Un Violon sur le Toit".

Au final, c'est un personnage à double facette qu'a créé Matthew Smith, un intrépide mineur méritant d'un coté, et un riche ivrogne sans honneur de l'autre.
Jet Set Willy aura une suite : Jet Set Willy 2, mais qui ne sera qu'une extension du premier. Apres cela, la série mourra et seuls quelques remakes faits par des fans naîtront sur internet. A noter l'existence anecdotique du jeu Jet Set Racing sur telephone portable où vous aviez la possibilité de jouer Willy.
On entendra pas beaucoup plus parler de Matthew Smith, certaines rumeurs très sérieuses circuleront même comme quoi il serait devenu poissonnier, qu'il planterait des tulipes en hollande ou encore qu'il n'aurait jamais existé.

Rumeurs démenties lorsqu'il fut interviewé dans un documentaire anglais en 2000. Où l'on découvre un Matthew Smith humble et modeste vis à vis de sa courte mais légendaire carrière.




Willy a longtemps été l'épisode que j'appréciais le plus parmi mes productions, du moins en terme de contenu (ironiquement, c'est encore aujourd'hui la vidéo qui a été le moins regardée). J'étais particulièrement content d'avoir pu aborder l'histoire de son créateur, chose qui est bien plus facile en traitant d'un jeu de la génération micro, les équipes de développement n'excédant que rarement les 5 ou 6 personnes.
Matthew Smith est vraiment un personnage fascinant de par le mystère qui flotte autour de lui. Je suis content d'avoir pu montrer son visage un peu "fou" à la fin de la vidéo, comme si le scénario psychédélique de la série Willy se justifiait tout seul au fond de son regard.

Encore une fois, je suis tout de même dégoûté par le niveau d'écriture, les pseudos blagues et surtout par le montage vidéo, même si des choix et des abandons ont été faits à raison. Mais au moins cette fois, j'avais une "vraie" conclusion.

Cet épisode 2 a sûrement été l'un des plus agréables à réaliser, les recherches que j'ai effectué m'ont un peu replongé dans mon enfance, et c'est sûrement un de ceux avec lesquels j'ai le plus appris pendant la conception.

J'aimerais un jour pouvoir finir ce foutu jeu.

Lien de l'épisode : https://www.youtube.com/watch?v=YmlsSge4M3I


Musique écoutée pendant la rédaction.
Final Fantasy I OST


samedi 29 mars 2014

Spotlight OFF : Dr Cossack



Script : 
[Ce texte est mis à libre disposition, j'autorise toute reproduction ou réutilisation, partielle ou totale, 
à raison d'un simple respect de la source.]

Quand on parle de Mega Man, on pense à Mega Man le héros, le Dr Wily, le vilain méchant , et pour les plus malins, au Dr Light, le créateur du célèbre robot. Mais à moins d'avoir à faire à un gros fan de la série, il est probable que votre interlocuteur ne réagisse pas au nom de Dr Cossack.
Et pourtant, en 1991 (1992 aux EU et 1993 en Europe) le Dr Cossack était l'homme à abattre pour tous les joueurs courageux introduisant leur cartouche de Mega Man 4 dans leur NES. Et oui, ce n'est qu’après 3 épisodes, que l’infâme Dr Wily laisse sa place à un autre super méchant, le Dr Cossack, décrit comme étant tout simplement jaloux du génie du Dr Light.

Est ce vraiment là tout le pitch du jeu ? A-t-on vraiment le droit qu'a une simple changement de cible à abattre. La sortie relativement récente des épisodes 9 et 10 nous prouve bien que non, vu qu'on y retrouve le Dr Wily, s'adonnant à ses projets maléfiques.

1991, date de sortie du jeu, c'est la fin de la guerre froide. A cette époque la Russie représente encore l'éternel rival des États-Unis dans ce qui était la course à l'armement, mais surtout à la technologie. Au début des années 90, les Russes font donc de parfaites figures scientifiques. Et dans ce domaine, Dr Mikhail Sergeyevich Cossack représente bien son pays. Et comme tous personnage ayant un doctorat en sciences dans le jeu vidéo, il porte une blouse. Cette homme de taille moyenne, plutôt mince semble plutôt cool. Mais ses sourcils froncés et les reflets sur ces lunettes de physicien ne nous trompe pas : il a bel et bien l'air d'un connard.

Faisons un point rapide sur le scénario. Il n'est pas impossible que cette partie soit accentuée par de violents spoilers, mais après 20 ans, on peut dire qu'il y a prescription.
Le jeu se déroule comme tous les Mega Man, vous avec un écran de sélection de boss, vous devez battre les huit dans l'ordre que vous souhaitez afin d’acquérir de nouvelles armes ainsi que de nouvelles transformations pour Rush, le chien robot crédible, pour enfin atteindre la forteresse du Dr Cossack, qui n'est pas sans rappeler le Kremlin. Apres vous êtes fait écrasé, tiré dessus, aplati, électrocuté, percé, et après avoir détruit 4 ou 5 manettes, avoir sué sang, eau et Doliprane pour atteindre les derniers niveaux de la forteresse, vous vous retrouvez face au scientifique qui vous attaque avec un grappin de fête foraine.

Et c'est une fois vaincu que le jeu vous offre son coup de théâtre.

Proto Man, le robot qui a servi de prototype à Mega Man apparaît avec une jeune fille nommé Kalinka., la fille de Cossack, celle ci a été enlevée par le Dr Wily, qui lui, a forcé Cossack a s'attaquer à Mega Man. Proto Man, qui est l'éternel rival de Mega Man délivre Kalinka, le Dr Cossack n'a plus de raison de se battre et s'excuse auprès de Mega Man, Dr Wily apparaît, énervé et jure de s'occuper de Mega Man. Bref. 
Au final, on se retrouve encore avec un méchant Dr Wily, qui veut conquérir le monde.
Mais c'est justement ce simple scénario qui fait du Dr Cossack un personnage très intéressant.

Depuis le début des Mega Man, on avait un scénario tout à fait manichéen : le Dr Light, contre le Dr Wily. Le gentil robot va botter le cul du méchant scientifique, qui va se barrer, revenir plus tard, pour qu'on lui rebotte le cul, qu'il se rebarre, et revienne tout aussi méchant, pour qu'on lui rebotte le cul...

Mega Man épisode 4 : surprise ! Mère patrie nous offre une toute autre vision du bad guy : celui qui ne se bat pas pour le mal absolu et absolument irrationnel, mais pour l'amour de sa fille. Le Dr Cossack est prêt à toutes les crasses les plus crades pour sauver Kalinka. Contrairement au Dr Wily, qui n'est animé que par le vice et l'envie inexplicable et inexpliquée de conquérir le monde. Et franchement, on pourrait reprocher ce manque de mobile à beaucoup de méchants de jeux vidéo de l'époque.
Avec Mega Man 4, Capcom donne une dimension un peu plus humaine au coté obscure de la force. Dimension qui n'était alors que trop réservé aux gentils héros de l'époque.

Voilà qui rompt un équilibre qu'on pensait alors éternel. Il y avait le Bon, la Brute, et nous nous retrouvons maintenant avec le Truand… bon peut-etre pas le Truand, mais en tout cas, un type qui est prêt à faire n'importe quoi pour une personne qu'il aime. Au final, un mec à peu prêt normal.

Et c'est cette triangulation philosophique (et là on fini avec des termes qui veulent rien dire) qui rend le 4e épisode particulièrement intéressant. Le Dr Cossack lui, vous vous en doutez, ne fera plus jamais entendre parler de lui, si ce n'est par quelques références ultra discrètes dans d'autres opus... par exemple, c'est lui qui a créé le petit oiseau robot Beat en remerciement pour Mega Man. Mais scénaristiquement, on sait pas trop ce qu'il est devenu.


En plus d'être le premier sujet de Spotlight, le Dr Cossack a clairement été une des raisons pour lesquelles j'ai créé cette émission.
A l'époque, j'avais une forte envie de créer quelque chose sur internet, une vidéo, des histoires, des critiques... quelque chose. Je crois que Spotlight ne serait jamais né si il n'y avait pas eu les vidéos d'Usul et d'Egoraptor d'un côté, et mon émulateur NES de l'autre.

La NES a été ma deuxième machine, après l'Amstrad CPC. J'ai commencé avec Mario, Mario 2, Mega Man 1 et Mega Man 4. Ces deux derniers m'ont particulièrement apporté dans mon enfance, je dessinais de nouveaux robots, j'inventais des histoires autour... je crois que la série Mega Man a été un des premiers déclencheurs de mon imagination.
Aujourd'hui, il me semble logique que le premier sujet porte sur ce personnage. A l'époque je n'avais pas fini le jeu, et je n'étais pas au courant que Cossack n'était pas le vrai méchant. Quand j'ai retouché pour une what-millième fois le jeu en émulation, je me suis dis que c'était dommage d'avoir oublié ce personnage et ses motivations.
C'est de là qu'est partie ma réflexion : des personnages oubliés injustement, doit y en avoir d'autres. J'avais mon sujet, j'avais ma motivation, j'étais parti pour le premier épisode de Spotlight.

Aujourd'hui, je suis un peu dégoûté par le texte que j'ai écrit ; mal écrit, mauvais rythme, conclusion quasi-inexistante... les quelques tentatives d'humour me semblent ridicules, j'ai vraiment du mal à me reconnaître dans ces choix que j'ai fait à l'époque.

Le montage vidéo a duré 2 semaines. J'ai vraiment cru abandonner plusieurs fois en plein milieu, et encore une fois, en revoyant l'épisode, j'ai honte.

Lien de l'épisode : https://www.youtube.com/watch?v=ih91zXeRzrw


Musique écoutée pendant la rédaction.
Diverses pistes de Pop'n Music



vendredi 28 mars 2014

Réhabilitation 1.3 du blog. Encore.



Je pense que c'était pas une mauvaise idée de faire la présentation des émissions YouTube sur le JV. J'aurais voulu en avoir plein sous la main, histoire de faire de ce blog une plateforme assez neutre. Finalement, je me suis surestimé, et j'ai oublié que j'étais un petit con avec des goûts un peu trop difficiles. Donc au mieux, j'aurais sorti une présentation tous les mois.

A la base, j'ai créé ce blog pour parler de n'importe quoi, d'où le nom "Total Random". Contre balancer la neutralité de mes vidéos avec des écrits plus personnels me semblaient pas une mauvaise idée. Sauf que même comme ça je n'aime pas étaler ma personne ou ma personnalité sur le net. Si jamais des gens se souviennent de moi, je veux que ça soit pour mon travail, et pas pour mes opinions.

Du coup j'ai trouvé un compromis.
Je continuerai à présenter des émissions qui me tiennent à cœur, et je vais profiter de la plateforme pour partager d'autres trucs liés à mes productions.

Je partagerai donc ici les textes de mes vidéos au format écrit, libres d'utilisation ; ainsi que de courts textes sur la réalisation de celles-ci, comme un making-off, ce qui m'a poussé à la concevoir, ce que je regrette, etc...

Je pense avoir juste besoin de continuer à construire autour de mes productions, en attendant le retour des uploads.


Musique écoutée pendant la rédaction.
Rudra no Hihou OST