samedi 14 juin 2014

Pourquoi j'ai adoré Battle of Gods.



J'en avais parlé après le premier visionnage sur mes réseaux sociaux privés. J'ai revu le film y a pas longtemps, et je campe sur mes positions : Battle of Gods est mon long métrage Dragon Ball préféré.

J'ai lu de nombreuses critiques sur le net. Très diverses, et souvent injustifiées.
En fait j'ai eu l'impression que la majorité des mauvaises critiques venaient de "pseudo défenseurs de la mémoire de Dragon Ball". Comme si Dragon Ball avait besoin d'une tribu de templiers prêts à sortir leur haine de leur fourreau dès que les événements ne s'imbriquaient plus avec leur nostalgie subjective.

"Broly était plus classe !"
Des gens comme ça.

Je n'exprimerai pas ici mon ressenti sur ces personnes en particulier, qui sont d'ailleurs souvent les mêmes qui sont incapables de critiquer le film Dragon Ball Evolution en tant que (mauvais) film, et non en tant que "mauvaise adaptation".
Par contre, quand on demande à ces mêmes personnes : "Vous auriez aimé voir quoi ?"
Là, à part des "Bah, un Dragon Ball Z quoi", on ne leur tire pas grand chose. Et c'est bien normal.

Ce qui est compliqué avec un shonen, et particulièrement Dragon Ball, c'est que la scénarisation et l'évolution des personnages sont bien trop dépendantes l'une de l'autre. Du coup, quand on veut créer une histoire en dehors de la scénarisation principale, soit on crée des incohérences (cf nombreux anciens longs métrages DB), soit on est obligés de reprendre la suite de la série (parfois très mal comme les Dragon Ball GT).

DBGT : une sur-exploitation maladroite,
et un échec d'estime pour presque tout le monde.
Mais vue cette interdépendance entre puissance des personnages et scénario, on se sent alors obligés de devoir en remettre une couche, faire en sorte que le méchant soit plus fort, et que le héros soit + plus fort à la fin. C'est une impasse d’écriture évidente, car soyons honnête, une histoire qui se passerait entre Freezer et les Cyborgs par exemple ne serait pas intéressante, vu qu'on connait la suite de l'histoire, la futur puissance des personnages, l'évolution du scénario etc... Rien ne pourrait vraiment nous surprendre.

Alors le mieux c'est quoi ? De ne rien faire du tout. Peut-être.
Mais Akira Toriyama (vu qu’apparemment, c'était lui le patron sur la réal du film) est un malin. Il l'a prouvé pendant la longue période d’édition du manga alors que ses éditeurs le poussaient au cul, et il le prouve encore aujourd'hui.

Entre reprendre un morceau de la chronologie, et poursuivre l'histoire, Toriyama a clairement choisi la deuxième solution. Et là où la sur-enchère (car oui, c'est quand même une sur-enchère) aurait pu être idiote, on a le droit à ce qui me semble être le long métrage de Dragon Ball le mieux écrit, et le plus astucieux.

Remettons les choses dans le contexte : Toriyama a écrit DB au fil de la plume, sous la contrainte de sa maison d'édition. C'est pourquoi, même si le manga est extrêmement cohérent dans sa globalité, il n'y a jamais vraiment d'éléments scénaristiques utilisés sur la longueur, seulement des éléments repris pour justifier un contexte.
Exemple : Le robot-insecte qui collecte des données pour le Dr Gero : rien n'indique qu'il était prévu à la base.
Le fameux robot-insecte, outil scénaristique ingénieux.

Et pour les longs métrages, c'est la même chose. A l'époque, dans la mouvance DB, le scénario n'avait pas besoin d'être très profond : un ennemi arrive, il est méchant, il faut le tuer, Genkidama. Ça marchait parce que c'était ce qu'on voulait. Ou alors on se satisfaisait (presque) tous de ça.
Seulement, après un long moment "d'absence", DB se devait de revenir d'une manière intelligente, de répondre en même temps aux fans, tout en évitant de retomber dans une formule obsolète.
Et c'est réussi.

Le scénario de BoG est intelligent. Il se sert de ce que l'on sait de la série pour faire avancer l'histoire et il surprend le spectateur en lui présentant des situations auxquelles lui même n'avait jamais pensé : Shenron qui peut avoir peur, la rencontre entre Maï et Trunks, la prise d'otage... Tout ça sert bien sur l'humour, mais justifie aussi l'éloignement avec la trame habituelle (méchant, gentils, genkidama toussa).

Quand des personnages ont été autant exploités,
ce qu'il reste de plus intéressant à faire, c'est de creuser leurs relations.
La première chose qu'on nous présente c'est un méchant pas vraiment méchant. Un méchant qui est juste curieux. Tout simplement. Et de là, le scénario peut se permettre de prendre des routes jamais explorées par DB. Chaque situations à laquelle on peut s'attendre est désamorcée automatiquement pour nous surprendre : combat Bills/Goku dès le début du film, le don de puissance à Goku qui rate, le niveau Saiyan God qui ne le satisfait pas...
Et même le "méchant" lui-même est un pied de nez aux codes établis par DB. Il est drôle, sympa, respectueux. L'adversaire parfait de Goku, qu'il n'a jamais eu, qu'on a bêtement jamais attendu.

Et surtout, le scénario n'est pas linéaire. Pour une fois dans DB, certaines infos qui semblent futiles servent en fait un scénario ficelé. Le meilleur exemple à cela est celui de Whis : pendant tout le film, Bills est présenté comme un mec qui faut pas contrarier, et qui détruit une planète au moindre soucis. Et Whis lui se permet de lui parler de manière décontracté ou de le faire attendre. Et ce qui aurait pu être une simple relation humoristique se justifie en fait par le twist de fin.
Grande nouveauté donc pour un long métrage Dragon Ball : le film peut-être vu deux fois sous deux approches différentes !

Whis et Bills,  sûrement deux des "méchants" les plus intéressants de tout Dragon Ball.
C'est ce genre d'écriture qui a toujours manqué à DB.

En gros le film est une réponse aux attentes, et en même temps une façon de faire revenir DB sur le devant de la scène en chamboulant tout ce à quoi le fan était trop habitué (et notamment à la destruction pure et simple du "méchant" à la fin).

Pour finaliser mon argumentation, voici ce qu'aurait donné le film 15 ans plus tôt :
- Goku s'entraine
- Bills arrive à Capsule Corp parce qu'il pense que le Saiyan God est le bébé de Videl.
- Gohan et Vegeta s'enervent
- Ils se font battre
- Sangoku arrive et dévoile une nouvelle transformation.
- GENKIDAMA !

Peut-être que le film ne marquera pas le retour de Dragon Ball, Dans les deux cas, je trouverai le tour de passe passe intelligent.
Akira Toriyama a compris l'ampleur qu'a pris son oeuvre au fil des années. Et il a aussi compris que ce n'est pas en donnant au public ce qu'ils attendent, mais en leur donnant ce qu'ils n'ont jamais eu qu'il peut faire revenir Dragon Ball sur le devant de la scène.

Plus de place pour les nostalgiques et pseudo défenseurs de la bible en 42 volumes , au travers de BoG, Dragon Ball a peut-être évolué plus efficacement que les fans de Dragon Ball eux-mêmes.

"Ça reste qu'un putain de chat !"

Musique écoutée pendant la rédaction.
New Order.

1 commentaire: