vendredi 25 avril 2014

Spotlight OFF : la Sorcière et la Citrouille



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L'année 1985 fut marquée par divers événements culturels importants, comme la naissance du groupe Guns and Roses, ou encore le décès du réalisateur Orson Wells. C'est au court de cette même année que sortira le jeu Cauldron sur Amstrad, ZX Spectrum et Commodore 64.

C'est en effet un an auparavant que l'équipe de Palace Software se voit attribués les droits pour réaliser un jeu sur le film Halloween de John Carpenter sorti en 1978. Le chef d'équipe et game designer, Steve Brown, juge alors qu'une adaptation du film en jeu vidéo est une mauvaise idée, mais que le thème d'halloween et de la peur reste cependant un concept à explorer.

Parmi les membres de l'équipe, certains étaient particulièrement attachés aux jeux de shoot comme Defender, et d'autres à des jeux de plate forme comme Manic Miner. Jugeant idiot de devoir se contenter d'un seul gameplay par jeu vidéo, Steve Brown propose donc d'allier les deux genres.
Il fallait donc trouver une histoire et un personnage qui justifie ce choix, tout en restant dans le thème d'halloween : Cauldron et sa sorcière étaient nés.

Le concept de la sorcière permettait en effet d'associer un gameplay de plate forme pur à un gameplay de jeu de shoot lorsque celle-ci enfourche son balai.

Dans Cauldron, le but est de récupérer 6 ingrédients magiques afin de concocter une potion d’invulnérabilité en alternant phases à pied et en balai. Potion grâce à laquelle la sorcière pourra aller tuer la plus puissante des citrouilles et ainsi devenir reine des sorcières.

Visuellement, la sorcière répond aux critères usuels du folklore occidental.
En effet, c'est lors de l'inquisition, dès le XIIeme siècle que la chasses des dites sorcières fit rage. C'est à partir de cette époque que les modèles de la sorcière traditionnelle furent établis : long nez, cheveux sales et autres pustules, autant de particularités hideuses que l'ont retrouvent chez la sorcière de Cauldron.
Sa création reflète donc un choix tout à fait assumé de coller à des traditions connus de tous, pour mieux véhiculer une ambiance d'effroi traditionnelle.

Après le succès critique de Cauldron, C'est un an plus tard que l'équipe de Palace Software décide de se lancer dans la création de Cauldron 2.

Là encore, Steve Brown avait l'envie de créer un jeu original, quitte à bousculer les règles alors établis dans le jeu vidéo.
L'équipe de développement se lance donc dans une suite au gameplay tout à fait différent. Plus question de shoot'em up, l'idée du jeu de plate forme de Cauldron 1 est elle même remaniée.

Dans Cauldron 2, le joueur incarne une citrouille, dernière survivante de la nuit durant laquelle la sorcière prit le pouvoir. Assoiffée de vengeance, c'est donc sans bras ni jambe qu'elle devra mener à bien sa mission : tuer la reine au nez crochue.
L'idée de la citrouille reprend un concept bien connu dans le milieu de l'horreur : celui de l'inanimé, devenant animé et ainsi source de peur.

Pour se déplacer, la citrouille ne peut que rebondir. Et c'est avec ce gameplay extrêmement exigeant mais tout à fait original que le joueur prendra plaisir à incarner un simple cucurbitacée.

Et c'est en comparant les deux épisodes que les deux personnages prennent toute leur importance.
Dans le premier opus, le joueur aide un personnage à atteindre son but. Et lorsqu'il a fini par suer sang et eau pour parvenir à la fin du jeu, c'est avec la sorcière qu'il partage sa joie.
Cependant, en jouant à Cauldron 2, c'est sa propre réussite qu'il doit mettre à bas, en aidant cette fois-ci l'ennemi du personnage qu'il a épaulé auparavant. Le joueur se voit alors confronté à un choix : celui de jouer à Cauldron 1 ou à Cauldron 2. Si ce choix peut se résumer seulement à une évidente préférence de gameplay, celui ci peut aussi refléter un fait notoire : en jouant à Cauldron 2, nous assumons notre statut de traître.

Et c'est cette opposition entre les deux épisodes et donc, entre les deux personnages qui rend la série intéressante. Alors que d'autres séries de jeu ne prendraient pas le risque de décevoir ses joueurs, Cauldron assume son envie de changement, au travers de deux personnages qui représentent à eux-seuls un gameplay tout entier.

La sorcière et la citrouille représentent à elles seules toute la démarche que peut avoir une équipe de production : en assumant l'envie d'un gameplay bien spécifique, Palace Software a réussi à créer un univers fantastique, effrayant et cohérent dans lequel deux antagonistes prennent place et laissent au joueur un réel choix.
Si certains ont préféré Cauldron 1 à Cauldron 2, ou inversement, il est indéniable que le pari a bel et bien été réussi, car plus de 25 ans après, personne n'est en mesure de prouver qu'il est préférable de s'allier aux citrouilles plutôt qu'aux sorcières.



[commentaires à venir]

Lien de l'épisode : https://www.youtube.com/watch?v=eB5n2QaFKVs


Musique écoutée pendant la rédaction.
REM

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